Naomi Osaka: “blanchie” dans une pub Japonaise

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Quatre mois après avoir remporté son premier trophée à l’US Open contre son idole Serena Williams, Naomi Osaka a signé ce samedi 26 janvier son deuxième titre d’affilée en Grand Chelem en dominant la joueuse tchèque Petra Kvitova en trois sets. Réputée pour son travail acharné et sa force de frappe, Osaka confirme avec cette nouvelle victoire son statut de grand espoir. Il ne s’agit là que du troisième trophée de sa carrière mais tout porte déjà à croire que la Japonaise de 21 ans est bien partie pour dominer le tennis féminin. C’est pourtant pour ses origines familiales que la joueuse déchaîne les passions, devenant indirectement le symbole de la lutte contre la discrimination des métis au Japon.

Née en 1997 à Osaka, ville dont elle porte encore le nom, la joueuse a quitté son Japon natal dès l’âge de trois ans pour émigrer aux Etats-Unis avec Léonard François, son père d’origine Haïtienne, Tamaki Osaka, sa mère Japonaise, ainsi que sa grande sœur Mari.

Un exil forcé lié à son métissage. Accusée de déshonorer sa famille en raison de sa relation avec un noir, la mère de Naomi Osaka s’est vue contrainte de déménager avec sa petite famille aux Etats Unis dans les années 2000.

Au Japon, la pureté raciale est un concept encore bien implanté et un terme existe déjà pour caractériser ces enfants issus de mariages mixtes : « Hafu ». Une désignation apparue dans les années 70 dont l’origine étymologique anglaise renvoie à la notion de « moitié ». Ces enfants métissés sont aujourd’hui encore la cible de préjugés raciaux au Pays du Soleil Levant et leur présence au Japon ne représente d’ailleurs que 2% des naissances annuelles. Paradoxalement, de nombreuses personnalités japonaises dites « Hafu » et qui ont pu mener des carrières dans le sport ou les médias se voient régulièrement occulter leurs origines étrangères pour être présentées comme étant 100% japonaises.

Si son parcours et ses exploits sportifs en font aujourd’hui une cible privilégiée pour les médias et sponsors du monde entier avec qui les contrats se chiffrent en millions de dollars, l’image de Naomi Osaka n’est pas exempte de ces préjugés qui subsistent encore au Japon. En atteste un récent spot publicitaire animé pour la société japonaise de nouilles Nissin dans lequel on voyait Osaka avec une peau blanchie. Accusée de « whitewashing » sur les réseaux sociaux, la société en question a dû renoncer à la diffusion de sa publicité. Et si M. Okabayashi, le porte-parole de Nissin, a indiqué vouloir représenter la joueuse « dans un style qui correspond au mieux au monde de l’animation japonaise », la pratique est suffisamment équivoque pour ne pas illustrer un certain manque de tolérance dans ce pays très conservateur.

Naomi Osaka “blancie” dans une publicité
pour la société japonaise de nouilles Nissin

Toute cette agitation autour de son identité et son parcours n’empêchent pourtant pas Naomi Osaka de jouir d’une popularité très importante dans l’archipel, elle qui ne parle même pas japonais couramment et qui dispose encore aujourd’hui de la double nationalité nippo-américaine. « Je ne pense pas vraiment au fait que je sois un mélange de trois différentes origines […] J’ai joué au tennis toute ma vie et c’est le monde dans lequel j’ai grandi donc je ne peux pas dire que j’ai subi des brimades mais si je peux aider d’une manière ou d’une autre, je suis partante ».

Alex Tabankia

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